Pour une France Libre
Le Covid19 frappe la France avec une violence mortelle : depuis le 1er mars, il a fait plus de 20 000 victimes et conduit à l’hospitalisation de plus de 70 000 personnes. A la crise sanitaire s’ajoutera demain une crise économique massive : les perspectives sont sombres. Mais alors que se dessinent les premières discussions sur les pistes de sortie de ce cataclysme soudain, voilà que se dressent les adversaires du marché et au-delà de la liberté.
Alors que nous sommes au bord d’un précipice, suivre leurs recommandations serait un péril qui nous précipiterait dans le gouffre d’une crise économique, politique et sociale plus grave encore. Pour élaborer les bonnes propositions, encore faut-il avoir fait le bon diagnostic. Quelques faits doivent être rappelés.
La crise ne remet pas en cause la mondialisation : si le mal s’est diffusé, comme d’autres à des époques infiniment moins connectées (pensons à la Peste noire du XIVe siècle), par les échanges humains, c’est la fermeture soudaine du monde qui l’aggrave ; et c’est, en outre, la mobilisation scientifique internationale qui nous permettra de répondre au défi de la maladie, comme les usines étrangères qui nous approvisionnent en masques notamment.
Elle ne contredit pas non plus la libre entreprise. Le secteur privé, flexible et réactif, n’a pas démérité : il faut saluer sa mobilisation pour fournir les moyens nécessaires à la lutte sanitaire et s’incliner de respect devant les salariés, du secteur privé comme du secteur public, qui, en dépit des risques, assurent la continuité de nos vies. C’est aussi le secteur privé qui demain innovera face au défi climatique et permettra d’apporter des réponses concrètes.
La crise a, au contraire, une origine très claire : le choix sans doute nécessaire faute d’autres moyens, du public et du privé, de se confiner pour entraver la propagation du virus. Contrairement à ce que proclament les extrêmes de tous bords, la société capitaliste du 21e siècle a fait le choix des vies, plutôt que des profits.
Les révélations du séisme prodigieux que nous traversons sont ailleurs : dans l’éclatement douloureux des fragilités accumulées de l’impuissance publique, jusque dans la fonction régalienne de protection des citoyens. Pourtant, à l’évidence, la France ne manque pas de moyens : elle prélève un niveau inégalé de recettes (44% du PIB en 2019), consacre une part record de sa richesse aux dépenses publiques (55,6%) et détient la part des dépenses sociales la plus élevée au monde (un tiers de son PIB). Elle est même dans le peloton de tête de l’OCDE pour les dépenses hospitalières. Nous ne souffrons donc pas d’un manque de moyens, mais des choix faits depuis des décennies dans leur répartition : en faveur des régulateurs et au détriment du terrain.
Sur le plan politique, les difficultés actuelles rappellent au monde une évidence churchillienne : même avec leurs défauts, les Démocraties ont su réagir face au défi, dans le débat et avec la transparence qui le permet. Les États les plus autoritaires de la planète, au contraire, ont travesti la réalité et trahi le monde, au nom de leur idéologie.
Ce constat impose une conclusion : la solution ne viendra pas d’un système public qui, en l’état, dévoile ses déficiences dans la peine.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il doive se réduire à peau de chagrin. C’est par lui que la réforme doit commencer. Face à l’urgence sanitaire, son intervention a été indispensable ; celle-ci passée, elle devra se concentrer pour être plus efficace. Ce moment historique doit devenir une opportunité de définir ce que doivent être les missions de l’Etat et le bon niveau de ses dépenses, les unes et les autres aujourd’hui trop nombreuses et dispersées. Nous le devons aux fonctionnaires dévoués qui, depuis trop longtemps, expriment un malaise existentiel. Nous le devons également aux victimes de la crise, pour leur proposer un accompagnement constructif et performant. Si nous échouons, ils viendront grossir les armées de mécontents, en demande d’une légitime reconnaissance, qui font le succès des populismes. Aujourd’hui, la lutte contre le virus nécessite un effort collectif à la hauteur de la menace ; mais à moyen terme, la maitrise de nos finances publiques s’impose dès lors à nous comme un impératif, non budgétaire, mais moral. Nous le devons à nos enfants : si les services publics sont, comme l’environnement, un bien commun, il est de notre responsabilité de les leur léguer libérés d’une dette qui les menace.
Après cette crise, il sera urgent de consolider la confiance entre les Français. Dans l’épreuve, notre société fait preuve d’une grande solidarité : c’est d’elle, de nos associations et de nos entreprises, que jaillira notre dynamisme retrouvé. Dans un 21e siècle plus fluide encore que les précédents, les fantasmes de planification sont des mirages mensongers. Dans cet esprit, la réglementation doit continuer à s’adapter, plus coopérative et moins coercitive. La fiscalité, par exemple, doit se faire plus légère et incitative.
Il sera urgent également de poursuivre les efforts en faveur du climat. Des efforts qui ne peuvent s’inscrire que dans le cadre d’une écologie positive, éclairée par la science, qui renonce au fatalisme et au déclin pour choisir l’optimisme et la confiance dans l’esprit humain.
La règle de droit, enfin, doit être respectée : la crise ne justifie pas que l’on revienne sur les fondements contractuels de notre société. Il est sain, à ce titre, que le confinement et ses issues, notamment par des outils technologiques, fassent l’objet d’un débat contradictoire et démocratique afin qu’il puisse cesser dans les meilleurs délais.
Ces principes sont politiques, avant d’être économiques : il n’est pas d’Etat stable s’il n’est efficace sur l’essentiel et souple sur l’accessoire et humble dans ses objectifs. Il n’est pas non plus de démocratie saine sans marché libre ; l’une et l’autre sont des garanties de notre résilience. Quelles que soient les solutions retenues, elles engageront l’avenir de notre prospérité et de notre liberté. Ayons-le bien à l’esprit.
Les signataires
Plus de 50 personalités ont choisi de signer la tribune pour une France Libre


Ferghane Azihari
délégué général, ALSH

Olivier Babeau
Président, Institut Sapiens

Eudes Baufreton
Directeur, Contribuables Associés

Frédéric Bedin
Président, Hopscotch

Pierre Bentata
Professeur d’économie

Etienne Blanc
1er Vice-Président, Auvergne-Rhône-Alpes

Yves Bourdillon
journaliste

Anne Bourdu
avocate

Nicolas Bouzou
essayiste

Kevin Brookes
Coordinateur, Institut d’études libérales

Olivier Cadic
Sénateur

Virginie Calmels
présidente, école FUTURAe

Patrick de Casanove
président, Cercle Bastiat

Eric Chaney
conseiller économique, Institut Montaigne

Sébastien Chapotard
Consultant

Ciprian Coza
Cadre

Julien Damon
Professeur associé, Sciences Po

Jean-Marc Daniel
Professeur émérite, ESCP

Bernard Deforge
Professeur honoraire des Universités

Vincent Delhomme
Directeur des études, Génération Libre

Vincent Delahaye
Vice-président du sénat

Jean-Philippe Delsol
Président IREF

Catherine Dumas
sénatrice

Denis Ferrand
économiste

Edouard Fillias
Chef d'entreprise, JIN

Marc Fornacciari
Avocat

Victor Fouquet
Chargé de mission, sénat

Gabriel Giménez Roche
Professeur d'économie

François Garçon
Historien

Olivier Gossner
économiste

Jean-Carles Grelier
Député

Marc Ivaldi
Directeur d'études, ehess

Nathalie Janson
Professeur d'économie

Evelyne Joslain
Essayiste politique

Guillaume Labbez
Entrepreneur et enseignant

Robert Lafont
Entrepreneur

Erwan Le Noan
Membre du conseil scientifique, Fondapol

Nicolas Lecaussin
Directeur IREF

Jean-Thomas Lesueur
Directeur, Institut Thomas More

Antoine Levy
économiste

Gérard Longuet
Sénateur et ancien Ministre

Nicolas Marques
Directeur Général, Institut Molinari

Guillaume Moukala Same
Président, Les Affranchis

Guillaume Nicoulaud
Président, Loop Aix-Marseille

Jean-Baptiste Noé
Historien

Hervé Novelli
Entrepreneur, ancien Ministre

Cécile Philippe
Présidente Institut Molinari

Nicolas Petit
Professeur de droit, Institut Universitaire Européen

Laure de la Raudière
Députée

Dominique Reynié
Chercheur et Directeur général de la Fondapol

Frédéric Sautet
Professeur, Catholic University of America

Thibault Schrepel
Professeur, utrecht university

Aziz Senni
Entrepreneur

Jean-Charles Simon
économiste

Rubin Sfadj
Avocat, Proposition 47

Christophe Seltzer
Directeur relations publiques, Génération Libre

Pierre-Henri Tavoillot
Philosophe

Aurélien Véron
Ancien Président, Parti Libéral Démocrate

Christophe de Voogd
Président du conseil scientifique, fondapol
